Après avoir partagé avec nous dans ses «Contes à aimer, contes à s’aimer »1 que l’amour en colère à tenter à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours, Jacques Salomé revient dans son dernier livre « Voyage aux pays de l’amour »2 pour nous proposer une promenade dans le pays de l’amour. Il nous propose un itinéraire inédit pour répondre à des questions profondes : Comment apprivoiser l’amour ? Comment prendre soin de l’amour ? Comment vivre les instants de doute avec la même sérénité que les moments d’intense bonheur ?
A l’occasion de la journée de l’amour je partage avec vous un texte tiré de ce livre, que je pense peut être un excellent cadeau à offrir ou à s’offrir.
Bonne lecture et bon voyage, en cette journée de l’amour, dans les pays du partage, de la paix, de l’harmonie, de la tolérance, du pardon, de l’empathie, de l’AMOUR.
Oser se dire en amour
« Il y a, et cela est pour moi une certitude, beaucoup de pays au monde où l’on sait s’aimer, c’est-à-dire donner et recevoir en réciprocité de l’amour, mais plus rares sont les endroits suffisamment protégés où un amour peut s’accomplir en toute liberté. Je veux dire par là qu’il faut parfois chercher longtemps un de ces lieux bénis, un de ces rares endroits sur la planète où les femmes ont cette liberté d’être qui me paraît la plus essentielle, celle de pouvoir reconnaître et accepter leurs propres sentiments et de pouvoir en témoigner à leur convenance. Les hommes aussi, bien sûr, mais ils l’exercent certainement avec un peu plus de pudeur, d’errance ou de réticence.
Ecrire ou dire : « je t’aime » revient le plus souvent soit à tenter de témoigner de nos sentiments, de nos désirs, de nos projets envers l’être aimé, soit de s’interroger, de s’inquiéter ou de tenter d’avoir confirmation des sentiments ; des désirs de l’autre à notre égard ou des projets qu’il serait possible de construire avec lui.
Mais écrire ou dire : « Je t’aime » n’est pas suffisant si cette déclaration ne s’accompagne pas de cette vibration infime, de ces signes subtils, de la chaleur ou de l’énergie qui doivent envelopper, amplifier, dynamiser les mots de l’amour. C’est tout cela, enrobé ou soutenu par une présence réelle, qui donnera à la personne qui reçoit une déclaration d’amour la certitude qu’elle est aimée réellement, profondément et durablement.
Car si l’amour se vit au présent, il n’a de cesse d’être entouré, bercé, stimulé par de multiples attentes, celles d’être sans cesse encouragé ou confirmé comme fiable dans la durée. « M’aimes-tu ? » ; « As-tu de l’amour pour moi ? » ; « Est-ce que ton amour st aussi fort, aussi fiable que le mien ? » ; « M’aimeras-tu toujours ? » ; « Aime-moi, et seulement moi ! » ; « Surtout, ne me déçois pas ! » ; « Ne me trompe pas ! » ; « Reste fidèle à la façon dont je te vois ! » ; « Privilégie ma présence et mon amour ! » ; « Donne-moi des preuves d’amour en acceptant quelques prises de distance avec d‘autres relations et même (preuve suprême) quelques privations et renoncements pour moi ! ».
J’ai souvent souhaité montrer, dans les nombreux textes que j’ai écrits sur l’amour, combien il était nécessaire de le valoriser, combien il était possible d’aimer l’amour ou lieu de le maltraiter par trop d’indifférence ou d’exigences. En même temps, j’ai tenté de souligner quelques-uns des enjeux cachés qui traversent la vie d’un sentiment amoureux. J’ai voulu démystifier aussi quelles conduites négatives, quels pièges, quelles violences parfois peuvent accompagner certaines relations amoureuses, et même les blesser durablement ou les détruire.
En proposant inlassablement à chacun d’apprendre à aimer l’amour, je m’inscris dans ce mouvement, cette espérance si vivante en moi que puisse circuler dans le monde plus d’amour, et pas seulement entre ceux qui prétendent aimer, mais entre ceux qui hésitent à aimer, ou qui ne connaissent pas encore l’émerveillement et le plaisir d’aimer »
1-Jacques Salomé, « Contes à aimer, Contes à s’aimer », le conte de l’amour en colère, édition Albin Michel, pages 12-15,
2- Jacques Salomé, « Voyage aux pays de l’amour », Les Editions de l’Homme,
Pages 27-28.
Mohamed Nasraddine